24 septembre 2010

Avignon, ville culturelle ?

Bonne question, peut-être mal posée, mais qui mérite que l'on s'y attarde. Hors-Festival, cette ville de 100 000 habitants ne tient pas le choc de la comparaison avec ses voisines, parfois plus petites, souvent plus volontaristes...</strong> Avignon, malgré ou à cause de tous les a-priori, n'est pas vraiment une ville culturelle, quoique l'on en dise. Nous le regrettons, bien sûr. Mais ce constat n'est pas anodin : si ses voisines, parfois de taille liliputienne sont bien plus éveillées que notre "capitale" préfectorale, c'est bien par le volonté de leurs édiles (toutes appartenances politiques d'ailleurs), qui conduisent pour leur cité une politique culturelle résolue, engagée, conscients du rayonnement que cela induit, en termes de retombées économiques, politiques, sociales... et de communication politique.

Marie-José Roig, hélas, n'est guère de cette trempe-là. Son ambition se limite à des projets irréalistes du type "Opéra-Sydney" en pleine zone innondable, que le contribuable aurait mis des siècles à financer. De toutes façons, sa légèreté à l'égard de sa charge de députée obère considérablement la légitimité de sa voix d'élue locale, censée représenter les intérêts de la population. Ses "projets" ont donc peu de chances d'être soutenus par l'Etat, son assuidité au Parlement et son influence dans les cénacles du pouvoir étant plutôt limitées... 

Dans tous les cas, une politique culturelle digne de ce nom ne s'improvise pas. Il y faut de la volonté, du courage, un véritable engagement, en deux mots une réelle implication. Surtout, il ne suffit pas d'avoir des idées, encore faut-il les confier à un personnel compétent, et l'abonder de manière significative. Losqu'on songe que notre Mairesse est prête à contribuer à hauteur de 4 millions d'euros à l'agrandissement d'un stade de foot, au seul bénéfice d'une équipe qui par miracle restera une année en 1ère division, l'on serait en droit d'attendre de ses adjoints avertis qu'ils budgétisent autre chose que les malheureuses poignées d'euros dont ils saupoudrent les acteurs culturels locaux...

Si l'on reprend la comparaison avec les villes voisines, force est de constater que bien d'entre-elles ont beaucoup plus à proposer en termes de vie culturelle. Arles, par exemple, pourtant deux fois moins habitée, possède de nombreux équipements culturels de grande qualité : musées, théâtre de plein air, salles de concerts et surtout plusieurs manifestations d'envergure qui en font toute l'année un centre vivant et attractif. Nîmes également, avec son Musée d'Art Contemporain, construit par Norman Foster, joue le jeu d'une véritable capitale régionale, proposant une offre pointue en matière d'art (musée, galeries, oeuvres dans l'espace urbain), d'architecture (Foster, Nouvel... ont construit ici), musiques (festival de Flamenco, nombreux concerts de qualité internationale)... Même de petites cités comme Martigues, avec sa Scène Nationale, son Musée d'art contemporain, ses festivals et manifestations toute l'année fait figure de "riche"...

Hors Festival, quelle vie culturelle à l'intérieur des remparts ? Du théâtre, certes, avec ses cinq scènes permanentes, auxquelles il convient d'ajouter quelques compagnies de qualité. Mais après tout, rien que de très normal pour une ville qui axe sa communication sur cette discipline. Encore faut-il regretter l'absence d'une scène nationale, qui revivifierait certainement l'offre théâtrale en insufflant un peu de contemporanéité et d'audace...

L'Art ? Bien sûr, il y a la Collection Lambert, initiative privée rappelons-le, une fenêtre indispensable sur l'art contemporain, sinon cruellement absent de la ville. Le Petit Palais, qui propose une des plus belles collections européennes de Primitifs italiens. Mais la ville manque singulièrement d'un Centre d'Art ou d'un Musée ouvert sur la modernité. Quant aux galeries dignes de ce nom, il n'y en a tout simplement pas.
La musique, elle, est le véritable parent pauvre de la cité. Une salle alternative, Les Passagers, et point barre. Si l'on veut écouter les musiques actuelles, il faut s'expatrier dans d'autres départements... Un grand équipement serait pourtant indispensable, et pas situé à côté de l'aéroport ou coincé entre deux centres commerciaux. Quant à l'Opéra, sa programmation d'oeuvres lyriques est si chiche, comparativement aux niaiseries et autres opérettes de pacotille, que l'on se demande s'il n'usurpe pas son appellation d'Opéra-Théâtre... Heureusement la danse est-elle un peu mieux lotie, avec ses Hivernales, mais pour combien de temps encore ?

Bref, Avignon reste une ville de 100 000 habitants avec une offre de bourgade de province, où l'on s'ennuie ferme durant l'année, et d'où il faut régulièrement s'extraire pour goûter une véritable programmation culturelle, ouverte sur la modernité... De quoi inciter à méditer sur ce qui pourrait transformer cette ville un peu trop reposée sur ses lauriers en un véritable carrefour culturel vivant, au rayonnement régional. Beau sujet de réflexion pour une opposition qui serait bien inspirée d'amener quelques propositions bien-pensées pour les prochaines échéances municipales. La Culture est aussi un acteur économique de tout premier plan, et un excellent vecteur de notoriété, profitable à tous, formations politiques comprises.

Angelina Vivaldi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Hi ! vous êtes bien sur le blog d'Angelina.commentez, commentez il en restera tjrs quelque chose